ROGER MALVEZIN, LE RÊVE D’UNE CORNEMUSE
Imaginez : vous êtes tranquillement en train de vous promener à Château-Renard et soudain vous entendez le son… d’une cornemuse. Le son s’amplifie et deux minutes plus tard vous voyez au coin de la rue un type tout seul, en kilt, maniant une cornemuse et en tirant les plus célèbres mélodies écossaises… De quoi être interloqué. Sauf que. Un passant compatissant s’adresse à vous : « ben quoi, vous ne connaissez pas Roger ? »
Non, je ne connais pas Roger, même si le « cornemuseux » de Chuelles commence pourtant à être réputé sur son territoire. Mais le son des trois bourdons et de la flûte n’était pas encore venu jusqu’à moi et n’a pas encore fait le tour du Gâtinais. Avec « Tout Près Tout Proche », ça va être chose faite !
Roger Malvezin a 62 ans, il est à la retraite après avoir été militaire et agent immobilier. Très gentiment il me raconte sa passion pour cette instrument peu commun dans le Gâtinais.
« Ma passion remonte quand j’avais 13 ans. Un jour un vieil aspirateur tombe en panne, mis au rebut par mes parents. C’était un aspirateur avec une poche externe. Je ne sais pas pourquoi je me suis mis dans la tête de le transformer… en cornemuse. Échec complet, et je suis resté avec un rêve de cornemuse toute ma vie. Plus tard j’ai joué de plusieurs instruments (flute, piano, guitare, harmonica, mais jouer de la cornemuse, alors que personne n’en jouait dans mon entourage, ça me semblait impossible. Et puis j’arrive à la retraite. En 2014 j’assiste à l’anniversaire du débarquement et là j’ai un choc. Pour la première fois je vois « en vrai » un joueur de cornemuse. Et mon rêve revient, avec l’envie de le réaliser. Je cherche sur internet et trouve des méthodes pour apprendre tout seul à jouer de cet instrument. Je me décide et achète sur internet une cornemuse à 1500 euros à un fabricant d’Édimbourg en Écosse. Je pars en vacances avec ma cornemuse, bien décidé à en tirer un son. Heureusement je suis en Auvergne, dans une maison isolée et mes couacs ne vont gêner personne. C’est du moins ce que je pensais. En fait des gens m’avait entendu de l’autre côté de la colline, dans la vallée. Ils étaient trop loin pour venir se plaindre… Gonfler la poche, la mettre en pression, ça demande du souffle et pas mal de techniques à maîtriser. Aujourd’hui je peux jouer des airs traditionnels et on me demande pour des animations. Je me suis pris au jeu et j’ai acheté des tenues complètes écossaises. Je suis en train de me renseigner pour tenter de rejoindre un groupe de cornemuses, un pipe band, mais forcément ça sera loin du Gâtinais. En attendant, à la retraite, j’ai réalisé mon rêve de gosse. Comme quoi tout est possible si on en a envie. »