Les vergers de la Bernillière, une histoire de famille en circuit court
Dernière mise à jour : 16 févr. 2021
« Au départ j’avais une formation en mécanique, et je me suis mis à m’occuper des vergers de la famille. Ce qui m’a intéressé, c’est la diversité de l’activité… » La conversation a commencé comme ça avec Benoit Courdent, 55 ans, le patron des vergers de la Bernillière situé à Château-Renard. Mais je me suis vite rendu compte que la « diversité de l’activité » dont il parlait était vraiment diverse.
Un peu d’histoire
Les vergers ont été créés en 1958 par Charles, le grand-père de Benoit. À l’époque le fondateur s’était rendu compte que beaucoup de pommiers à cidre poussaient dans les environs. Il a décidé de transformer sa ferme d’élevage en production fruitière et de planter des arbres pour produire des pommes à couteau. Depuis, plusieurs générations d’arbres se sont succédées et aujourd’hui les vergers sont constitués de 4 hectares de pommiers et de 4 hectares de poiriers. Une production de fruits rouges est venue compléter la production des vergers.
Une production écoulée en circuit court
Ce qui intéresse Benoit dans son activité, c’est à la fois l’évolution du végétal, la production et la commercialisation. Une partie de sa production est vendue dans ses magasins, l’un sur l’exploitation, l’autre à Villemandeur. L’autre partie est vendue à des clients locaux sur les marchés ainsi qu’à des magasins de fruits et légumes en région parisienne. Les fruits non-commercialisables sont transformés en jus ou en purée.
Les vergers, une attention de tous les instants
« Il faut constamment observer la nature », explique Benoit Courdent. « Il y a toujours quelque chose à apprendre ». C’est d’autant plus important pour Benoit qu’il ne travaille pas vraiment seul dans les vergers pour protéger les pommiers et les fruits. Il peut en effet compter sur les insectes auxiliaires qui adorent manger les insectes ravageurs (pucerons, acariens). Les auxiliaires (coccinelle, perce-oreille, chrysope et bien d’autres) sont des amis des vergers dont Benoit prend soin en n’utilisant que des produits naturels qui les préservent lorsqu’il traite ces arbres. Une haie de noisetiers, de saules et de lauriers en lisière des vergers sert de refuge aux auxiliaires pendant l’hiver. Benoit peut aussi compter sur d’autres amis, les mésanges qui habitent les nichoirs du verger. Une nichée, ça représente 200 chenilles détruites chaque jour, naturellement.
Réchauffement climatique, les conséquences sur les vergers
Le réchauffement climatique et le bouleversement des cycles naturels, Benoit Courdent en observe les signes chaque jour. Jusqu'en septembre il est toujours sur le pied de guerre pour traquer l’ennemi de la pomme, l’insecte qui porte le nom de carpocapse et dont la progéniture, la larve, n’est autre que le célèbre ver de la pomme qui se développe à l’intérieur du fruit. Depuis quelques années le carpocapse est devenu plus présent. Avant il n’y avait qu’une période de naissance de larve par an, une génération donc. Aujourd’hui il y a trois générations pendant l’été ! « Je compte le nombre de ravageurs, je compte le nombre d’auxiliaires, je fais du renseignement en permanence pour savoir quelle stratégie employer pour protéger le verger », explique Benoit Courdent. Pour tromper les carpocapses et éviter qu’ils ne se reproduisent, il utilise la méthode de la confusion sexuelle en plaçant sur ses arbres des diffuseurs d’hormones femelles. Comme l’odeur des femelles est partout, le mâle ne parvient plus à trouver une femelle. Résultat pas d’accouplement, pas de ponte, et un peu de répit. Enfin pas complètement. Pour Benoit Courdent c’est déjà le temps de cueillette des conférences. Avec le réchauffement climatique les dates de cueillette interviennent maintenant plus tôt. Pour la poire conférence c’était, « avant », vers le 10 septembre. Maintenant c’est dix jours plus tôt !