Jean-Jacques Pineau (le Boeuf Tricolore) : "Manger local, c'est manger de la viande issue d
Sur les photos il sourit rarement. Il est plutôt du genre concentré, avec une seule idée en tête : trouver toute les solutions pour offrir à ses clients de la viande de qualité, 100% française, commercialisée au prix le plus bas, en espérant contribuer à sauver l’élevage français pris dans la tourmente du marché mondialisé. Et pour Jean-Jacques Pineau rien ne semble impossible, avec une trentaine de boucheries ouvertes en France (dans le Gâtinais à Villemandeur), dont la moitié avec des franchisés « boeuf tricolore ».
Son combat pour la viande de qualité française accessible à tous, il le mène comme une mission. « Il y 15 ans je dirigeais six boucheries haut de gamme à Paris où je vendais de la viande racée française », raconte Jean-Jacques Pineau. « Et puis au fil de mes séjours en province je me suis rendu compte du désastre. En Bourgogne je ne parvenais pas à trouver de viande française ni en boucherie traditionnelle ni en supermarché ! Pourtant en Bourgogne il y a de l’élevage ! C’était presque insensé mais évidemment tout s’expliquait par un marché devenu un peu fou ». L’aventure du boeuf tricolore peut commencer. L’idée : ouvrir des boucheries mais en maîtrisant toute la chaîne de production et de transformation. « Nous on achète encore sur pied, et on commercialise de la tête à la queue. On achète sans intermédiaire, on optimise nos méthodes de travail et nos débouchés de commercialisation pour que la meilleure viande française soit accessible à tous. » Pour Jean-Jacques Pineau proposer de la viande racée, élevée dans les terroirs, c’est une évidence. « Être sur un marché local, c’est d’abord être capable de parler terroir avec les producteurs et les clients, de parler de viande racée, de blonde d’Aquitaine, de Limousine… En France toute les régions ne font pas de l’élevage, et y manger local et en circuit court ce n’est pas évident. En revanche on peut faire en sorte que les bêtes des régions d’élevage soient abattues et transformées dans leur région d’origine. Ça commence là le circuit court en boucherie ! Manger local, c’est manger de la viande issue de nos terroirs français, qui n’a pas fait des milliers de kilomètres pour finir dans notre assiette ! ». Pour que le pari réussisse et que le marché de la viande française retrouve des couleurs, encore faut-il que tout le monde joue le jeu pour permettre d’équilibrer l’approvisionnement auprès des producteurs, tout en trouvant des débouchés commerciaux pour tous les morceaux de boucherie. Et ce n’est pas encore gagné. Jean-Jacques Pineau déplore qu’en France le marché des collectivités s’approvisionne encore très majoritairement en viandes d’origine européenne… qui ont parfois fait des milliers de kilomètres. Une réalité souvent en contradiction avec les déclarations d’intention de certains responsables de collectivités qui promeuvent par ailleurs le « manger local et les circuits courts ». « Être local, c’est être capable de se parler et de se comprendre pour avancer ensemble. Il n’y a aucune raison que ce ne soit pas possible avec les collectivités », estime Jean-Jacques Pineau.